31 décembre. L’heure des bilans, mais surtout celle des verres bien remplis. 2025 aura été une année vibrante, intense, profondément sensorielle. Une année à courir les vignes, à écouter les sols, à goûter des vins qui racontent bien plus que des cépages : des paysages, des convictions, des gestes justes.
Voici mes coups de cœur 2025. Subjectifs, assumés, et surtout inoubliables.
La quille de blanc : Sant Armettu – Pivarella (AOC Sartène)
Il y a des blancs qui marquent une année entière. Pivarella en fait incontestablement partie.
Cette cuvée parcellaire du domaine Sant Armettu isole le meilleur du vermentino corse, vinifié avec une précision d’orfèvre : fermentation en demi-muids, levures indigènes, douze mois d’élevage pour laisser parler la pierre.
Et quelle pierre. Le granite de Sartène imprime ici sa signature minérale avec une rare élégance. Le nez s’ouvre sur le cédrat, le citron confit, le fenouil sauvage. Le Sud, mais sans lourdeur.
En bouche, le vin joue un équilibre magistral entre crémeux et tension, ampleur et fraîcheur. Un blanc de caractère, racé, profond, qui rappelle que si les blancs corses sont rares, ils peuvent être tout simplement superbes.
La quille de rouge : Camille Braun – Pinot Noir du Bollenberg (Alsace)
Un pinot noir qui impose le silence à table.
Issu du Bollenberg, terroir solaire et singulier, ce vin de Camille Braun conjugue puissance et finesse avec un aplomb remarquable. Fermentation thermo-régulée en levures indigènes, élevage en barriques sur lies fines : rien n’est laissé au hasard.
La robe est dense, profonde. Le nez encore très fruité, sur la cerise noire, annonce une bouche ample, épicée, souple, parfaitement tenue par une structure de grand vin.
C’est un pinot de garde, sérieux, affirmé. Jeune, il gagne à être carafé. Patient, il promet de très beaux lendemains. Une Alsace qui sort des sentiers battus et qui assume pleinement sa stature.


La quille de rosé : Encore Soif – Cabernet Sauvignon & Malbec
Un rosé sans complexe, pensé pour le plaisir mais construit avec intelligence.
Courte macération, élevage sur lies totales, travail précis des températures : ici, la technique sert l’équilibre.
Le nez évoque immédiatement les fruits rouges frais. La bouche est ronde, soyeuse, aromatique, avec juste ce qu’il faut de structure pour dépasser le simple rosé d’été. À boire jeune, certes, mais capable aussi de joliment évoluer sur deux à trois ans.
Parfait à l’apéritif, redoutable sur des grillades. À servir bien frais, évidemment. Le genre de bouteille qui porte parfaitement son nom.
Les bulles : Mëralla – Storm
Coup de foudre absolu.
Storm, ce n’est ni du vin, ni du cidre. C’est un pétillant de fruits, et surtout un ovni jubilatoire. Vendanges et cueillettes manuelles, fermentation spontanée, seconde fermentation en bouteille avec du jus de pommes maison et un levain de la propriété.
L’assemblage ? 50 % pommes issues du verger familial en montagne, 50 % muscat ottonel. Douze mois sur lattes, dégorgement, et une explosion en bouche.
Tension, vivacité, énergie. Une bulle vivante, vibrante, libre. Tout ce que j’aime dans un verre : du relief, de la fraîcheur, et cette sensation immédiate de plaisir franc.
La découverte de l’année : Pe’ Sfizio Passito – Morellino di Scansano (Maremma)
Un vin doux qui bouscule les repères.
À partir de raisins de sangiovese séchés, cette cuvée passito joue une partition aussi inattendue qu’hédoniste. La robe est pourpre intense. Le nez convoque la cerise séchée, le cassis, puis glisse vers le chocolat noir, la réglisse, les épices.
En bouche, c’est généreux, enveloppant, presque provocant. Un vin parfait pour dérouter les palais. Un plaisir assumé, sans retenue, qui résume à lui seul l’âme libre de la Maremma.



Le salon vin 2025 : Paye Ton Pinard
Un salon qui a marqué l’année par son engagement autant que par la qualité des vins présentés.
Paye Ton Pinard a réussi le pari de mêler féminisme, inclusivité et exigence vigneronne, sans jamais sacrifier le fond au discours. Une atmosphère engagée, joyeuse, militante, où l’on goûte, où l’on échange, où l’on pense le vin autrement. Indispensable.



Le vignoble français : Sartène, l’intime grandeur de la Corse
Sartène aura été mon choc hexagonal de 2025.
Un vignoble à taille humaine, rude, sincère, profondément ancré dans son terroir granitique. Ici, les vins racontent la Corse sans folklore, avec droiture et émotion. Des blancs tendus, des rouges solaires mais jamais lourds, et une identité forte, assumée. Une appellation à suivre de très près.



Le vignoble étranger : la Maremma, Toscane indomptée
Loin des clichés toscans, la Maremma s’impose comme une terre de liberté viticole. Sauvage, maritime, brute parfois, mais toujours sincère.
Les vins y sont solaires, méditerranéens, mais portés par une fraîcheur étonnante. Une région qui ose, qui expérimente, et qui mérite toute notre attention.



2025 s’achève avec la satisfaction d’une année riche en émotions, en rencontres et en bouteilles mémorables.
Si le vin est un voyage, alors celui-ci fut intense, lumineux, parfois déroutant, mais toujours passionnant.
Rendez-vous en 2026, verre en main.
