On en a partagé, des verres. Des jolis, des bancals, des “juste un dernier” qui n’en étaient jamais vraiment. Avec le temps, on a compris une chose : ce n’est jamais le vin qui fait la soirée. C’est l’amitié posée autour.
Ce que nos verres disent de nous
On en a partagé, des verres.
Des drôles, des beaux, des trop pleins, des pas assez remplis.
Et surtout, ceux qui marquent — pas pour ce qu’il y a dedans, mais pour ce qu’ils ramènent autour.
À force d’être assises l’une en face de l’autre, on a fini par remarquer un détail qui nous fait sourire : on sait exactement comment l’autre va prendre sa première gorgée.
Charlotte un peu trop vite quand l’émotion déborde.
Marie en douceur, comme si elle apprivoisait le moment avant d’entrer dedans.
Ces gestes-là, minuscules, racontent tout : l’humeur du jour, la fatigue, la joie, les choses qu’on n’a pas encore osé dire mais qu’on déposera forcément sur la table.
Le vin, chez nous, n’est jamais vraiment le sujet.
C’est un langage.
Une ponctuation dans la conversation.
Une manière discrète de dire « on est là », même quand la journée a tiré un peu trop fort.
On a bu des quilles incroyables.
Et d’autres… comment dire… moins glorieuses.
Mais, honnêtement ? Les meilleures soirées ne correspondent jamais à la qualité du vin.
Elles correspondent à la qualité du moment.
De l’espace partagé.
De ce qu’on laisse tomber entre deux éclats de rire ou deux silences qui comptent.
On a appris ça ensemble, sans théorie et sans grandes phrases :
le vin accompagne l’amitié, il ne la fabrique pas.
Mais il l’éclaire.
Un peu comme une lampe chaude dans une pièce trop grande.
Les verres qu’on partage ont vu passer nos idées brillantes, nos idées complètement foireuses, nos retours de visites, nos doutes, nos élans, nos envies soudaines, nos fous rires qui partent n’importe comment…
Et ces fameux moments où l’une lâche :
« Attends, je note ça. »
Parce qu’on sait déjà qu’on va l’écrire quelque part.
Parfois, on se demande si c’est le vin qui nous a rendues complices ou si c’est notre complicité qui nous a donné envie de continuer à boire ensemble.
Probablement un accord des deux.
Comme un assemblage qui marche sans qu’on sache expliquer pourquoi.
Ce qui est sûr, c’est que dans nos verres, il y a toujours un peu plus que ce qu’on y verse.
Il y a l’amitié, la vraie.
Celle qui tient même quand tout vacille.
Celle qui rit avant de comprendre.
Celle qui dit « viens » sans poser de question.
Celle qui te fait sentir à la bonne place, même dans les journées de travers.
Et si un jour on doit résumer notre duo, on dira simplement :
on s’est trouvées autour d’un verre,
et on continue d’avancer comme ça.
Un pas.
Un rire.
Un projet.
Un verre.
Et beaucoup — beaucoup — de cœur.
