Portrait de Charlotte des itinéraires de Charlotte faisant une moue amusée en goûtant un verre de vin rouge dans une cuisine lumineuse, expression qui illustre le fait de ne pas aimer un vin sans se sentir coupable

Il y a ce moment, toujours le même.
Un verre tendu, un regard qui attend, une gorgée… et ce petit “mmh oui, très intéressant” qu’on sort par réflexe, alors qu’au fond, non, pas du tout. Pas aujourd’hui, pas à cette heure, pas ce vin-là. Et pourtant on joue le jeu, comme si dire “je n’aime pas” était une faute de goût, une brèche dans l’armure de l’amateur respectable.

La vérité ? On a tous déjà menti.
Par pudeur. Par peur d’avoir l’air “bête”. Par peur de vexer.
Le vin, parfois, nous intimide plus que raison.

Et si on arrêtait ?

C’est grave de ne pas aimer un vin ? (Spoiler : non.)

On oublie souvent une chose essentielle : aimer un vin, c’est intime.
C’est une rencontre entre un moment, un palais, une humeur, une météo parfois.
Un vin que tu adores en terrasse un soir de juin peut te laisser totalement indifférent un dimanche de pluie.
Un autre, qu’on t’annonce “exceptionnel”, peut glisser sans rien provoquer.
Et c’est normal.

On doit à l’univers du vin cette phrase un peu toxique :

“Si tu n’aimes pas, c’est que tu n’y connais rien.”

Alors qu’en réalité, c’est juste… un goût.
Rien de plus, rien de moins.

Dire “je n’aime pas”, ce n’est pas manquer de culture.
C’est être sincère.
Et surtout : c’est se laisser la chance d’aimer autre chose.

Quand le goût se heurte à l’image

Le malaise vient souvent des contextes :
un dîner entre amateurs, une bouteille présentée comme “formidable”, un vigneron en face, un sommelier qui détaille la cuvée avec des yeux brillants… Comment dire “non” dans ces moments-là ?

Alors on sourit.
On cherche une phrase neutre.
On se réfugie dans un “c’est original”.
Ou pire : on se tait complètement.

Pourtant, le vin n’est pas un diplôme.
Il ne valide rien.
Il ne sanctionne personne.
Il n’a aucune attente envers toi.

La seule personne à laquelle tu dois quelque chose, c’est toi.
Et ton ressenti est parfaitement légitime.

C’est d’ailleurs un thème qui revient souvent par ici : cette façon qu’on a de se mettre la pression pour “bien” aimer. J’en parlais déjà dans cet article si tu as envie d’un petit complément.

Quelques scènes du quotidien (tu vas te reconnaître)

La dégustation entre amis. Tout le monde adore, sauf toi. Tu retournes doucement ton verre pour éviter d’avoir à te resservir.
Au resto. Le sommelier t’explique avec passion, tu te sens obligée d’aimer avant même d’avoir goûté.
Chez un vigneron. Tu admires la personne, l’histoire, les gestes. Le vin, lui… un peu moins. Et c’est ok.
La bouteille hype d’Instagram. Tout le monde hurle au génie. Toi ? Tu ne vois pas la magie. Et tu te sens seule (alors que tu ne l’es pas).

Ces situations-là, on les vit tous.
Même les pros.
Même les plus pointus.

Le goût est vivant — et change tout le temps

Ce que tu n’aimes pas aujourd’hui, tu l’aimeras peut-être dans six mois.
Ou jamais. Et alors ?
Le vin est un univers immense.
Il y a de la place pour des milliers de façons de ressentir.

On adore dire “il faut apprendre à aimer”.
Mais parfois, il faut juste respecter ce qu’on ressent.
Et passer à autre chose sans culpabilité.

Quelques réflexes simples pour ne plus t’excuser d’exister

Dire “ce n’est pas mon style” plutôt que “c’est mauvais”.
C’est sincère, respectueux, et ça ne remet personne en cause.

Décrire une sensation plutôt qu’un défaut.
“C’est un peu trop puissant pour moi aujourd’hui.”
“J’aurais aimé plus de fraîcheur.”
“C’est un vin qui me dépasse un peu.”

Se rappeler que le vin dépend du moment.
On n’a pas toujours envie de se concentrer, d’être bousculé, d’être surpris.

Accepter que ton palais est unique.
Il raconte ton histoire, ton rapport au goût, ta sensibilité.
Et ça, personne ne peut te le retirer.

Conclusion

Le vin n’est pas un test.
C’est une conversation.
Parfois ça colle. Parfois non.
Parfois ça vibre. Parfois ça passe à côté.
Et ça fait partie de la beauté de cette histoire : chaque gorgée raconte un peu qui on est.

Alors oui :
Tu as le droit de ne pas aimer.
Même un grand vin.
Même un vin que tout le monde adore.
Même un vin que tu devrais aimer “sur le papier”.

Ce qui compte, au fond, c’est la sincérité.
Et le plaisir. Toujours le plaisir.

Charlotte

Passionnée de vin et de communication, j’ai lancé Les Itinéraires de Charlotte en 2009 pour proposer un regard frais sur l’œnotourisme. Thématiques originales, adresses insolites, événements grand public… Pendant six ans, j’ai multiplié les projets pour rendre le vin plus accessible et vivant.
Puis l’aventure a pris d’autres formes : rédactrice en chef d'un média spécialisé, experte en communication digitale, journaliste et intervenante professionnelle... autant de façons d’explorer et de transmettre ma passion.

Aujourd’hui, l’appel de l’indépendance et du terrain est trop fort : Les Itinéraires de Charlotte renaît, plus libre que jamais, prêt à raconter le vin autrement.

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