1 Vin 1 Son_Bombino

Il y a des connexions qui semblent impossibles, et pourtant… Elles prennent vie quand on laisse parler les éléments. Le sable du Sahel, les vignes du Cap, une guitare touarègue qui dessine des dunes invisibles, et une cuvée qui sent la terre chaude, les fruits noirs et les orages passés.

Cette fois, mon cœur a battu au rythme de Bombino et de la cuvée Ugaba du domaine Anwilka. Deux expressions farouches d’un continent multiple, entre la rébellion calme d’un homme en exil et la puissance racée d’un terroir sud-africain dompté avec finesse.

Un désert qui groove, une guitare qui parle

Derrière Iyat Ninhay / Jaguar, il y a une histoire. Celle d’un homme né au Niger, chassé de son pays, qui a trouvé dans la musique une manière de résister, de raconter, de transmettre. Bombino, de son vrai nom Goumour Almoctar, est né à Tidene en 1980, au cœur du désert, dans un monde rude et sublime. Il grandit au milieu des révoltes touarègues, découvre la guitare sur les routes d’Algérie, et fait de cet instrument une arme douce. Dans ses mains, elle devient le prolongement de la mémoire et de la fierté touarègue.

Dans ce morceau charnière de l’album Azel, il fusionne les racines profondes de son peuple avec des influences reggae et rock, créant ce qu’il appelle le Tuareggae — un genre à part entière. Ce titre est un point d’orgue : une ligne de basse hypnotique, une rythmique chaloupée, des guitares qui tournoient comme des vents de sable. Il débute en douceur, s’installe lentement, puis monte, explose presque, sans jamais perdre cette élégance aérienne propre à Bombino.

Et surtout, il y a ce lien invisible entre la modernité de la production (signée Dave Longstreth) et l’authenticité absolue du propos. Car derrière la musicalité, il y a l’engagement. « Jaguar », c’est le nom d’un chant traditionnel féminin touareg. En le reprenant à sa manière, Bombino rend hommage à ces femmes piliers de la culture nomade, qui chantent, dansent, et gardent les traditions vivantes. Il y insuffle de la modernité sans jamais trahir l’essence.

Ugaba : quand la vigne murmure comme le vent chaud

Face à cette puissance douce, il fallait un vin qui sache lui répondre. Ugaba, du domaine Anwilka, c’est un peu ça : un vin qui ne cherche pas à dominer mais à dialoguer. Un vin qui parle d’un autre Sud, celui de l’Afrique du Sud, où le soleil tape fort, où les sols sont durs, mais où la vigne, bien guidée, donne le meilleur d’elle-même. Située dans le fameux Golden Triangle de Stellenbosch, la propriété cultive un équilibre rare entre puissance et fraîcheur, concentration et finesse.

Cette cuvée, c’est une alchimie de cépages méditerranéens et bordelais : Syrah, Cabernet Sauvignon, Petit Verdot, Malbec. Une combinaison noble, vinifiée avec une vraie délicatesse. Vendangés à la main à l’aube, les raisins sont triés avec soin, vinifiés doucement, et élevés en fûts de chêne et en cuves pour préserver la fraîcheur du fruit.

La robe est dense, rubis profond, presque d’encre. Le nez, quant à lui, mêle les fruits rouges bien mûrs aux notes d’épices douces, de cèdre et de poivre noir. Une petite touche florale se glisse parfois, comme une violette discrète, effleurée par la brise. En bouche, c’est ample mais sans excès. Une matière juteuse, avec des tanins fondus, une tension bienvenue et une finale d’une belle longueur, légèrement saline. On y sent le sérieux d’un grand vin et la chaleur vibrante de l’Afrique du Sud. C’est à la fois solaire et contenu, expressif mais posé.

Un fil rouge entre deux terres d’Afrique

Ce qui unit Bombino et Ugaba, au-delà du continent, c’est une forme de sagesse sauvage. Une manière de rester profondément ancré dans la tradition tout en osant l’ouverture. Tous deux parlent de résistance, de mémoire, de terre, mais sans colère bruyante. Plutôt avec une force tranquille, une précision quasi méditative.

Iyat Ninhay nous raconte la majesté d’un peuple nomade à travers une guitare qui serpente comme un oued asséché. Ugaba, lui, condense dans sa bouteille la complexité d’un terroir jeune mais déjà empreint de maturité. Ensemble, ils évoquent la rudesse des climats, la beauté de la persévérance, l’harmonie possible entre tradition et innovation.

Alors ce soir, posez le vin sur la table, éteignez la lumière, mettez Iyat Ninhay à fond. Laissez-vous envahir. Et trinquez à cette Afrique plurielle, vibrante, toujours en mouvement.

Marie

Entre écriture et épicurisme, qui a dit qu’il fallait choisir ? Certainement pas moi ! J’ai donc exploré toutes mes passions au fil des années. La fac de droit pour les lettres d’abord. Puis l’école hôtelière pour la gastronomie. Et là, la révélation ! Je découvre le monde du vin et plonge tête première dans cet univers captivant. Au revoir les cuisines, bonjour la sommellerie et, pour parfaire tout ça, un master spé en vins et spiritueux.

Côté pro aussi, on sent une personnalité touche à tout. Je suis freelance dans les vins et spiritueux depuis 10 ans, le terrain de jeu idéal pour un esprit éclectique. Résultat d’une nature curieuse qui n’arrête jamais d’apprendre, j'ai appris à maîtriser en profondeur tout ce qui me fascine, est-ce qu’il ne serait pas temps de vous partager tout ça ?

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