À Bordeaux, un nouvel izakaya bistronomique fait souffler un vent d’Orient sur la scène culinaire locale. Derrière OBA, un duo passionné, un chef japonais au parcours singulier, et surtout, un hommage vibrant au saké. Entrez, prenez place, laissez-vous surprendre.

Rue Emile Duployé, à deux pas de la place de la Bourse, une devanture discrète attire l’œil des curieux et des initiés. Bienvenue chez OBA, un izakaya bistronomique à la fois chaleureux, audacieux et délicieusement hors-norme. Dans ce cocon de vingt couverts, on oublie vite Bordeaux. Ici, le Japon s’invite à table, non pas sous forme de clichés, mais comme une culture vivante, incarnée, sensible. Et cela commence… par un verre de saké.

Une rencontre, une amitié, une vision commune

OBA, c’est d’abord une histoire d’amitié et de passions partagées. Celle de Chloé Cazaux Grandpierre, sommelière et experte du saké japonais, et de Patrick Herreyre , fondateur du restaurant Nama à Bordeaux, passionné lui aussi par l’art de la table nippon et ancien négociant en vins… à Tokyo.

Leur rencontre remonte à 2016, à une époque où Chloé organise des dégustations autour du saké. Très vite, ils collaborent sur des masterclass de saison au Nama, mariant produits locaux et sakés d’exception. Le Covid met un frein à ces événements, mais pas à leur complicité : “On s’était dit que si un jour l’occasion se présentait, on monterait un projet ensemble.” Neuf ans après leur 1ère rencontre, c’est chose faite.

L’izakaya : entre bar de quartier et gastro du partage

OBA n’est pas un restaurant japonais comme les autres. Il s’inspire du modèle des izakaya, ces bars-restaurants populaires du Japon où l’on grignote, on trinque, on échange. Mais ici, le concept est revisité dans une version bistronomique.

Plats à partager, ambiance feutrée, carte courte et produits ultra-frais : on est loin du sushi-minute. La cuisine japonaise se marie ici aux influences françaises, pour une expérience résolument contemporaine, subtile et conviviale. Et ce qui lie l’ensemble, ce n’est pas le vin, mais le saké — ou plutôt les sakés, tant la palette est riche. Vous pouvez choisir des plats (délicieux) à partager ou non à la carte mais aussi et surtout vous laissez surprendre par le menu “Omakase” en 5 plats (40€/personne).

Le saké : bien plus qu’un alcool, un pont culturel

On entre ici par le saké, comme on entre dans un temple. Le premier verre que j’y ai personnellement dégusté — un Shichiken venu de Yamanashi, servi non pasteurisé, frais, cristallin — agit comme un sas sensoriel. “C’est un saké moderne, facile d’approche, parfait pour les novices”, glisse Chloé, en ouverture du dîner.

Mais très vite, l’expérience prend de l’ampleur. Car le saké, chez OBA, n’est pas un simple accompagnement. C’est une passerelle entre les cultures, un produit à part entière, noble, exigeant, profondément symbolique. “Le riz, au Japon, c’est tout. On le mange, on le boit, on dort dessus, on écrit dessus. C’est un élément sacré, associé à la vie, à la féminité, au cycle.”

Chloé (présente les vendredis soir) raconte avec passion l’histoire millénaire du saké, de ses premières formes fermentées à base de riz mastiqué (si, si) aux cuvées les plus raffinées servies aujourd’hui dans les grands restaurants étoilés. Elle-même est saké sommelière, et a contribué à l’introduction du saké dans des établissements prestigieux, dont… Michel Guérard, une grande fierté personnelle !

Chloé Cazaux Grandpierre, associée de OBA – Sommelière Saké

Yuichiro, le chef venu de Tokyo

Au-delà du saké, OBA repose sur une autre pièce maîtresse : le chef Yuichiro, originaire de Tokyo, formé à la cuisine française et tombé amoureux de la fusion.

C’est en venant dîner au Nama qu’il propose spontanément ses services. Coup de cœur immédiat. Patrick et Chloé “le kidnappent” pour leur nouveau projet. Le timing est parfait : “On voulait un chef japonais pour porter notre vision. Il voulait créer une cuisine de fusion. Il n’en fallait pas plus.”

Résultat : une carte courte, mouvante, élégante. Tartare de maigre, condiment wasabi, bouillon umami, moelleux au matcha… Les influences se croisent, les saveurs se répondent, les assiettes se partagent.

Chef Yuichiro – OBA Bordeaux

L’expérience OBA : une parenthèse intime et curieuse

Avec ses 20 couverts, ses banquettes douillettes, ses lumières tamisées, OBA cultive une atmosphère intime, presque confidentielle. Les clients se laissent guider, testent, découvrent, partagent. La carte des sakés, volontairement resserrée, propose une dégustation au verre (2, 3 ou 4) pensée en harmonie avec les assiettes du moment.

“Le saké n’est pas là pour s’imposer, il est là pour révéler le plat”, résume Chloé. Le vin n’est pas absent pour autant, mais le cœur du voyage est ailleurs. Une exploration sensorielle, presque philosophique, où le Japon se dévoile par touches, loin des stéréotypes.

Une adresse rare, à découvrir (et redécouvrir)

OBA a ouvert il y a seulement quelques mois, et déjà, le bouche-à-oreille fonctionne. La clientèle du Nama est au rendez-vous, les curieux aussi. Le lieu reste encore un secret bien gardé, à l’abri des buzz tapageurs. “On ne cherche pas à faire du volume, mais à créer du lien, à transmettre.”

Et c’est sans doute cela, la vraie force d’OBA : une sincérité rare, portée par des parcours riches, des produits exigeants, et une vraie envie de partage. Une table où l’on déguste autant qu’on apprend, où l’on trinque autant qu’on échange. Un lieu qui fait sens, autant que plaisir.


OBA Bordeaux

15 rue Emile Duployé, 33000 Bordeaux

07 83 64 15 45

https://www.obabordeaux.com/

Charlotte

Passionnée de vin et de communication, j’ai lancé Les Itinéraires de Charlotte en 2009 pour proposer un regard frais sur l’œnotourisme. Thématiques originales, adresses insolites, événements grand public… Pendant six ans, j’ai multiplié les projets pour rendre le vin plus accessible et vivant.
Puis l’aventure a pris d’autres formes : rédactrice en chef d'un média spécialisé, experte en communication digitale, journaliste et intervenante professionnelle... autant de façons d’explorer et de transmettre ma passion.

Aujourd’hui, l’appel de l’indépendance et du terrain est trop fort : Les Itinéraires de Charlotte renaît, plus libre que jamais, prêt à raconter le vin autrement.

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